13 Février 2020
Voici ma participation de la semaine à l'atelier d'Olivia Billington.
Les mots imposés : méridienne - césarienne - douleur - fignoler - causette - spartiate - plaisir
Liberté retrouvée
Pendant sa détention, Myriam a imaginé des centaines de fois les premières journées qui suivraient sa libération. Elle souhaitait que le soleil soit au rendez-vous et lui permette d’enfiler ses spartiates pour aller marcher dans l’herbe, puis s’allonger au bord de l’eau. Ces gestes simples étaient pour elle le symbole de la liberté et l’ont aidée à tenir le coup. Malheureusement, depuis deux jours il pleut et elle ne peut réaliser son rêve.
Allongée sur la méridienne, dans l’appartement de sa sœur, elle fait mentalement la liste des démarches à effectuer : fignoler son curriculum vitae avant de prendre rendez-vous à Pôle Emploi, remplir le dossier de demande de Revenu Solidarité Active, solliciter une nouvelle carte Vitale… En dépit des beaux discours prononcés par les politiques sur la sortie de prison, rien n’a été préparé. La jeune femme est consciente d’avoir néanmoins de la chance. Sa sœur et son mari lui ont proposé de l’héberger malgré la naissance toute récente de leur premier enfant par césarienne.
Cet après-midi, sentant le désarroi de Myriam, la jeune maman est allée faire un brin de causette chez une amie. L’appartement est donc vide, luxe suprême pour quelqu'un qui a cohabité à trois dans une cellule de neuf mètres carrés pendant de longs mois. Mais c’est la douleur qui accompagne cette solitude, celle provoquée par la peur des jours, des mois à venir, celle suscitée par une incapacité à prendre plaisir à la liberté retrouvée.