3 Avril 2020
Ceci est ma participation à l'Atelier d'écriture d'Olivia Billington
Les mots récoltés cette semaine: hurluberlu - pastiche - enliser - épiler - logorrhée - fantasque - purée - soleil - ukulélé - panier
J'ai été bien inspirée puisque j'ai réussi à écrire deux textes.
Souvenir à la lumière des réverbères (3)
Le silence s’installe à nouveau. Un dernier rayon de soleil caresse la main d’Anatole. Myriam y pose la sienne et dit simplement « Viens ». Les doigts des adolescents s’entremêlent. Ils se lèvent, traversent la place, s’enfoncent dans les ruelles et cheminent sans but précis dans ce vieux quartier de la ville, sans un mot, seulement attentifs au contact de leurs mains.
Soudain les sons d’un ukulélé parviennent jusqu’à eux. Ils se laissent guider par les notes de l’instrument et arrivent dans un petit square. A travers un brouillard épais comme une purée de pois, obtenu par brumisation, ils aperçoivent un hurluberlu qui dans une logorrhée incroyable récite un pastiche fantasque d’un poème de Baudelaire. A ses pieds, dans un vieux panier d’osier, aboie un petit chien totalement épilé.
Spectateurs improvisés, Myriam et Anatole se regardent, un peu inquiets, mais enlisés dans une sorte d’inertie par les paroles de l’inconnu, ils ne bougent pas.
Mr et Mme B…
Mardi j’ai vu débarquer dans mon bureau un couple encore inconnu. Elle était engoncée dans trois pulls et un manteau en peau de mouton retournée. Elle peinait à porter un lourd panier empli de pommes de terres prometteuses d’une excellente purée, et de poireaux prêts pour la soupe. Lui était vêtu de tongs, d’un bermuda et d’une chemise, pastiche de la mode hawaïenne, imprimée de soleils et de palmiers, largement ouverte sur sa poitrine grisonnante mal épilée et sur son abdomen bedonnant. Cet hurluberlu posa avec fracas un immense attaché-case sur mon bureau. Je m’attendais presque à ce qu’il en sorte un ukulélé tant sa volubilité et son accoutrement me transportaient loin de notre fraicheur matinale. Mais il ne fit qu’étaler devant mois une liasse d’ordonnances périmées, s’enlisant dans une logorrhée fantasque pour me demander la prescription de son précieux traitement morphinique.