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Mot mystère - Saison 1 - 2

Voici ma participation de la semaine à l'atelier de Lilousoleil

La consigne:

mot mystère  13 lettres 
EEEIOOUBHHPRT
nom féminin : trouble anxieux caractérisé par une crainte obsédante de rougir en public.
 rappel des règles : vous utilisez les lettres du mot mystère pour construire des mots de cinq lettres au moins, que vous introduisez dans un texte de votre choix.
Cerise sur le gâteau, un texte en rapport avec le mot trouvé.

Mon texte avec le mot EREUTHOPHOBIE. Les mots anagrammes sont en gras.

 

La potière

Berthe vivait dans un petit village niché dans la vallée, que seule une toute petite route desservait. C’était une jeune femme un peu poète, amatrice de photo, grande lectrice, mais aussi très habile de ses mains. Elle excellait dans l’art de cuisiner et une simple soupe d’ortie, une purée de pommes de terre ou une confiture à la poire devenaient sur son fourneau une tuerie. Elle exerçait le métier de potière et avait un immense talent pour créer de splendides objets, malgré sa pratique très éloignée de la théorie. Elle pouvait ainsi façonner une théière à la ligne épurée pour un amateur de thé, un trophée tel un hibou pour un collectionneur, une épeire très réaliste pour agrémenter la poterie d’une euphorbe ou une toupie pour amuser un jeune enfant. Au fil des années son habileté s’était ébruitée et elle était devenue très réputée, ce qui l’inquiétait beaucoup. En effet cette réputation risquait de lui apporter un flot important de visiteurs qui viendraient frapper à sa porte, ce qu’elle souhaitait éviter à tout prix.

Depuis la puberté Berthe souffrait d’une éreuthophobie héritée de sa mère. Elle avait essayé une multitude de thérapies pour guérir cette phobie, en vain. Une simple goutte de Porto, sans frôler l’ébriété, la faisait devenir rouge comme une écrevisse. Lorsqu’elle était portée par l’euphorie ou heurtée par une parole malveillante elle devenait cramoisie. Si elle croisait un bel éphèbe elle ne pouvait s’empêcher de rougir. Pour se protéger elle se fermait comme une huître dès qu’elle était en public. Et elle avait finalement choisi de vivre isolée dans ce petit village plutôt que de se pendre à la poutre de la grange..

Ici les habitants respectaient son isolement. Sans bruit elle exerçait son art sans que personne ne vienne la déranger. Parfois elle se sentait épiée lorsqu’elle travaillait assise dans l’herbe sous l’immense hêtre de son jardin, mais elle savait que c’était Hubert, cet homme qui portait chaque jour de l’année un béret, avait une haleine chargée de bière et qu’une vieille blessure faisait boiter. Un jour il lui avait proposé un rendez-vous: « Ma petite truie viens chez moi. On va manger le brouet et boire du lait ribot et après on va se pieuter et tu vas goûter mon épieu ». Outrée par ce langage qui lui avait semblé de prime abord être de l’hébreu, elle l’avait renvoyé fermement. Depuis il la laissait tranquille, se contentant parfois de la regarder travailler.

Berthe vivait donc sur sa propre orbite. Toute relation intime était prohibée et elle limitait au maximum les échanges avec ses semblables. Alors la célébrité… Allait-elle devoir opter pour un autre mode de vie ? Vivre loin des autres était-il une utopie lorsqu’on exerçait son métier ? Qu’allait-elle devenir ?

 

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L
pauvre Berthe comdamnée à vivre seule. Je suis bien sûre qu'elle va trouver un bon psy pour la sortir de là. Mais elle fait de belle poteries..... <br /> bises
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